La générosité des Français
Chacun, selon ses moyens, ressent le besoin de s’impliquer, et d’agir « à coeur ouvert ». Certains veulent aller très au-delà des sentiers battus. Quand en
compagnie de Bernard Kouchner et quelques autres, nous avons créé Médecins sans frontières puis Médecins du monde, quand j’ai croisé le regard de ces
enfants d’Asie et d’Afrique qui allaient mourir si on ne les opérait pas et que j’ai souhaité bâtir cette « Chaîne de l’espoir » pour les sauver, nous avons eu
l’opportunité d’agir directement.
Comme nous, de nombreux acteurs, magnifiques bénévoles, vont un peu plus loin que leur destin ordinaire, en France où ailleurs, et tentent d’apaiser les
angoisses et les souffrances, et de construire un demain plus souriant pour ceux que la vie n’épargne pas. Ils ont besoin de reconnaissance et de moyens.
Mais avec eux, tous les citoyens de ce Pays peuvent s’engager aussi. A leur manière. Selon leur savoir-faire et leur disponibilité. Leur demander de l’argent
est certes indispensable pour agir, mais sans doute très insuffisant. Et j’aime la formule que cette étude met en avant en proposant d’encourager une nouvelle
génération de « donacteurs ». Donner et agir à sa façon…
Que ceux qui souhaitent agir par délégation, au travers des associations sociales et humanitaires, puissent le faire plus clairement, avec un engagement
plus fort. Que les associations soient incitées à promouvoir ce mouvement, à mobiliser ces soutiens autour d’elles, selon une forme de générosité plus
complète, plus engagée. Elle suppose davantage d’exigences de part et d’autres, mais elle est la seule voie pour progresser et pour que chacun se réalise.
Cette étude nous montre que les dispositifs fiscaux sont favorables, au regard de ce qu’ils sont dans les autres Pays, mais n’ont pas fonctionné par rapport aux
objectifs. Alors simplifions-les et surtout faisons-les connaître tels qu’ils peuvent être mis en œuvre utilement. Et puisque l’Etat engage des sommes importantes
dans cette direction, qu’il se donne aussi les moyens de communiquer pour informer les contribuables.
Cette étude montre aussi que les Français sont de plus en plus mobilisables pour de grandes causes. Ils l’ont montré à l’occasion du Tsunami et je sais qu’ils le démontreront à chaque fois que la nécessité l’exigera. Je le sais, parce qu’ils ont toujours répondu présents lors de chaque appel que je leur ai adressé.
Docteur Alain DELOCHE
Chirurgien cardiaque, professeur à l’Université Paris V, membre de l’académie de chirurgie, est le chef du pôle cardiovasculaire de l’hôpital européen Georges Pompidou. Cofondateur de Médecins sans frontières et de Médecins du monde, il est aujourd’hui le président de la Chaîne de l’espoir.