Les ONG humanitaires, leur financement et les medias, Zsuzsa Anna Ferenczy, Institut
L’humanitaire contemporain s’avère un des acteurs importants des relations internationales. Cette montée en puissance des dernières trente années s’explique par l’accélération de la mondialisation des échanges et, en conséquence, par la dégradation relative du pouvoir de l’Etat. Le monde se trouve réduit aux dimensions d’un village, où l’humanitaire reconnaît sa puissance et, avec elle, ses nouvelles responsabilités vis-à-vis du public. Ce phénomène ne fut possible qu’à travers les outils de communication des medias, i.e. les journaux et la télévision et les techniques de marketing direct.
En d’autres termes, l’humanitaire est en train de se professionnaliser : rendu indépendant grâce au mouvement des « sans frontières », les ONG humanitaires se concentrent de plus en plus sur la collecte de dons, leur premier objectif à atteindre et essentiel pour leur existence sur le marché humanitaire. Cependant, cette démarche entraîne des conséquences encouragées par certains, mais inattendues et néfastes pour d’autres. Or, on constate aujourd’hui que la dimension éthique de l’humanitaire a subi des changements profonds; les principes d’efficacité et de rentabilité semblent primer sur ceux de charité, philanthropie et solidarité, les principes fondateurs de l’humanitaire.
Ce travail est construit autour de trois chapitres qui essaient d’aborder l’ensemble des réflexions et des questions que l’on se pose à propos des rapports médiatico– humanitaires, fondées sur de différents travaux étudiés : d’abord on regardera les origines de l’humanitaire et ses transformations à travers ses acteurs, ensuite les techniques de financement, et finalement les rapports médiatico-humanitaire. Nous allons étudier ces aspects à travers diverses crises humanitaires, parmi lesquelles on traitera le Tsunami de 26 décembre d’Asie du Sud, dans un chapitre consacré uniquement à cette catastrophe. Au moment de cette crise le plan du mémoire avait déjà été établi.
En conséquence, nous avons considéré qu’il était trop tôt pour en juger les effets, afin d’éviter le risque de superficialité sous les contraintes du temps. Nous aurons l’occasion de découvrir que ce couple des deux acteurs globaux importants est en partie responsable de la métamorphose profonde de l’humanitaire, au détriment de sa dimension éthique. C’est une étude que nous considérons indispensable et d’une grande utilité dans le contexte mondial actuel, car le rapport médiatico – humanitaire, entre complémentarité et instrumentalisation, a gagné une place importante dans les décisions prises au
niveau global. Or, on se rend compte que l’on est tous concernés, car on vit dans un « village » où l’interdépendance est montée au paroxysme, et avec elle le besoin de solidarité. Les valeurs de la coopération internationale et la logique des forces des acteurs ont changé, où l’humanitaire, le principal allié du politique et de l’économie mondiale, ne doit qu’augmenter son rôle, tout en restant indépendant, visible, transparent, responsable et toujours éthique.