« Plus de transgressions. Pour le meilleur… mais hélas parfois pour le pire »
Des clients pas très embêtants et une créativité moins bridée. La communication solidaire est séduisante car elle a moins de contrainte ! Et c’est ce que va démontrer le Grand Prix de la Communication Solidaire dont INfluencia est partenaire. Décryptage d’un univers créatif et de combat par Bruno David, président ce Communication Sans Frontières.
Le grand Prix de la Communication Solidaire fête ses 10 ans cette année et INfluencia est associé à cette manifestation entièrement dédiée au tiers secteur qui aura lieu en octobre. Les inscriptions démarrent cette semaine. Créé en 2005, à l’initiative de Communication Sans Frontières, le Grand Prix de la Communication Solidaire récompense les professionnels de la communication et les acteurs de la solidarité pour la qualité et l’éthique de leurs campagnes publicitaires. Cette 10ème édition recevra les créations des professionnels de la communication issus des associations et organisations caritatives, des organisations et associations de solidarité, des institutions publiques ou privées défendant des causes citoyennes, des entreprises de commerce solidaire, des entreprises de développement durable, des organisations alter mondialistes, et des agences de communication. Comme les années précédentes, les campagnes devront privilégier la citoyenneté, la solidarité, le caritatif, le commerce équitable, le développement durable, une grande cause ou une cause d’intérêt général ou public, et s’inscrire dans l’une des catégories suivantes : TV/cinéma, affichage, presse, évènementiel, digital/Web/Mobile, fundraising ou financement participatif. Explications de son président, Bruno David.
INfluencia : qu’est-ce que Communication Sans Frontières ?
Bruno David : c’est une ONG qui est un expert des questions d’éthique, de déontologie et de pratiques responsables au sein des organisations de l’économie sociale et solidaire dans le cadre des actions de marketing, des médias et de la communication. Communication Sans Frontières existe depuis 12 ans au travers de ses activités de veille (L’Obs), de conservation et valorisation du patrimoine mémoriel des ONG (Legacy), du Grand Prix, de transferts de compétences (Share’s) et d’un incubateur de projets de solidarité (Fab’Lab).
IN : combien de campagnes ont été récompensées depuis 2005 ?
BD : une cinquantaine toutes catégories.
IN : concrètement à quoi sert ce prix ? Est-ce juste une récompense de plus pour une agence ou un organisme ?
BD : non, il s’agit d’une récompense exclusive à plus d’un titre. C’est le seul événement dédié exclusivement au tiers secteur et qui en récompense tous les aspects : RSE, développement durable, éthique, déontologie… Ce prix reconnait la qualité créative et stratégique d’une campagne pour le tiers secteur à l’aune de la valeur citoyenne au sein d’un grand prix dédié. Cette valeur citoyenne est la valeur ajoutée de ce prix. Ce concept a été créé conjointement par TTNS et Communication sans frontières en 2003.
L’autre innovation est que le grand public est partie prenante du jury puisqu’il aura son prix aux côtés des collèges médias, ONG, publicitaires et entreprises, via un sondage réalisé par l’institut d’études Harris Interactive, partenaire historique de Communication Sans Frontières. Je précise que CSF n’est jamais membre du jury. J’ajoute que ce prix est à la fois la vitrine de la créativité du tiers secteur en matière de communication mais aussi la possibilité pour les bailleurs de fonds, les donateurs et les parties prenantes de porter un regard plus global sur l’évolution de ce secteur.
IN : avez-vous des résultats concrets sur certaines campagnes ?
BD : si la question est de savoir si ces campagnes ont fait évoluer le regard du grand public et apporté de la notoriété, des dons ou de la réputation aux agences, la réponse est oui et pour chaque création. Elles ont pour but de maintenir le lien de confiance entre les bailleurs de fonds, les donateurs et les ONG. Or, on le sait, la générosité des Français est croissante. Et pour un large éventail de causes. Notre grand prix permet d’exposer des causes qui ne bénéficieraient pas de notoriété. L’exemple le plus frappant fut pour le grand prix de la première édition : l’association « Innocence en danger » n’était absolument pas connu du grand public.
IN : quelles sont vos nouveautés de cette année ?
BD : nous avons conçu le concours Prodomo pour dynamiser la catégorie « radio ». Nous allons récompensé les créatifs de moins de 30 ans, en agence. Il leur suffit de concevoir et réaliser un spot radio. Pour le tiers secteur. Notre partenaire est RFI. Le message sera ensuite diffusé gratuitement sur les ondes et sur France 24. Les campagnes sont évaluées sur la base notamment de la VAC® ou Valeur Ajoutée Citoyenne et d’une grille d’évaluation mise au point par Kantar Media pour Communication Sans Frontières. Elles devront être parues et diffusées entre le 1er juillet 2014 et le 31 août 2015.
Nous avons également une nouvelle catégorie : Funraising/crowdfunding. Par ailleurs, c’est le 10ème grand prix et à ce titre, un super grand prix récompensera la campagne la plus créative, toute catégorie confondue. Enfin, il y aura une journée complète dédiée au tiers secteur : le 16 septembre avec deux colloques (en matinée et en après-midi) sur les thèmes des « caricatures et des préjugés sur l’humanitaire et l’environnemental ».
IN : une tendance se dessine-t-elle déjà pour cette année dans la com solidaire?
BD : impossible de le savoir vraiment avant la clôture des inscriptions, qui aura lieu à la mi-septembre. Mais on peut plus généralement remarquer qu’aujourd’hui, les ONG sont devenues des marques,… comme les autres ! A ce titre, elles ont les mêmes exigences, les mêmes obligations… et sont confrontées aux mêmes dangers. Il n’y a plus de différence notable si ce n’est l’accès aux médias et … les budgets. Il y a toutefois une créativité plus grande qui provient de ce manque de moyen, la pression des annonceurs (ONG) est moindre et de ce fait, les agences sont plus enclines à s’exprimer plus librement. Cela donne souvent des campagnes plus « décoiffantes ».
IN : comment se faire entendre quand on est dans ce secteur ? Faut-il transgresser les codes ?
BD : c’est la créativité qui va permettre aux ONG de faire la différence. Elles n’ont pas un accès égal aux médias et très souvent ce sont les mêmes qui trustent les prix et la visibilité. Certaines causes qui le mériteraient bien plus n’ont pas cette chance. Notre grand prix est aussi l’occasion pour ces petites structures de se faire entendre. Bien évidemment, cette surenchère à la visibilité expose les ONG à plus de transgressions. Pour le meilleur… mais hélas parfois pour le pire. Et c’est là que notre rôle de trublion de la communication solidaire mais aussi d’accompagnateur est important.
Raphaël Legrand